Les changements climatiques

Certaines formes de pollution de l’air, résultant d’activités humaines, menacent de modifier sensiblement les climats, dans le sens d’un réchauffement global. Si ce phénomène est brutal, il pourrait entraîner des dommages importants, tant pour les écosystèmes de notre environnement naturel que pour l’humanité : élévation du niveau des mers, accentuation des "événements climatiques extrêmes" (sécheresses, inondations, cyclones, etc.), déstabilisation des forêts, menaces sur les ressources d’eau douce, difficultés agricoles, désertification, réduction de la biodiversité, extension des maladies tropicales par exemple.

C’est en accentuant l’effet de serre que des gaz polluants peuvent modifier les climats. Cet effet de serre est un phénomène naturel par lequel l’atmosphère de la Terre maintient constamment à la surface de notre planète une température moyenne plus élevée ; en effet, l’atmosphère est largement transparente pour les rayons solaires, mais elle retient la chaleur émise par la Terre chauffée par le Soleil. Cette capacité, l’atmosphère, composée principalement d’azote, d’oxygène et de gaz rares (argon et autres), la doit à la présence de vapeur d’eau, de dioxyde de carbone et de méthane, en très faibles proportions. Ce sont ces proportions que les activités humaines modifient aujourd’hui.

 

2. Les gaz à effet de serre

Hormis la vapeur d’eau, dont la teneur dans l’air dépend elle-même de la température, le principal gaz à effet de serre est le dioxyde de carbone, ou CO2, ou gaz carbonique. Lorsque nous utilisons des énergies fossiles, telles que le charbon, le pétrole ou le gaz, nous brûlons du carbone, ajoutant ainsi du CO2 à l’air : environ 20 milliards de tonnes par an dans le monde. Les Océans et les forêts et, dans une bien moindre mesure, les autres plantes, éliminent à peu près la moitié de cet excédent de gaz carbonique. Cependant, sa concentration ne cesse de croître : de l’ordre de 0,028% il y a cent cinquante ans, elle est aujourd’hui de 0,0365%.

Un autre gaz à effet de serre est le méthane (CH4), dont la concentration a doublé depuis la révolution industrielle. Les sources "humaines" sont les rizières, les décharges d’ordures, les élevages bovins, les fuites sur les réseaux de gaz et l’exploitation charbonnière. L’oxyde nitreux, ou protoxyde d’azote (N2O) est un autre gaz à effet de serre, qui provient de certaines industries et des excès d’épandages d’engrais.

Il faut compter également avec l’ozone de la basse atmosphère, qui se forme à la suite des émissions de monoxyde de carbone (CO), d’oxydes d’azote (N2O) et de composés organiques volatils (COV). Il y a enfin les gaz fluorés : CFC, HCFC, HFC, PFC et HF6.

 

3. La convention contre les changements climatiques

Signée par de très nombreux chefs d’État et de gouvernement à Rio-de-Janeiro en juin 1992, la Convention-Cadre des Nations Unies contre les changements climatiques veut organiser la lutte contre cette menace. Elle reconnaît la responsabilité "commune mais différenciée" des Nations, et leurs capacités respectives ;elle affirme que les pays industrialisés doivent prendre la tête du combat contre les changements climatiques et ses effets adverses.

L’objectif ultime de la Convention est la stabilisation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui préviendra une "dangereuse interférence" humaine avec le système climatique, dans un délai suffisant pour permettre aux écosystèmes de s’adapter naturellement au changement climatique, d’assurer que la production alimentaire ne sera pas menacée, et de permettre au développement économique de se poursuivre de manière durable. Mais ni le niveau à atteindre, ni le délai, ne sont réellement précisés.

La Convention prévoyait que les pays développés reviendraient en 2000 au niveau d’émissions de gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O) qui était le leur en 1990. La France et, plus généralement, l’Union européenne, y parviendront très probablement, mais ce n’est hélas pas le cas de tous les pays industrialisés.

 

4. Le protocole de Kyoto

Le 11 décembre 1997 à Kyoto, au Japon, les pays signataires de la Convention sur les changements climatiques ont adopté un document, le protocole de Kyoto, organisant la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre après l’an 2000. Les pays industrialisés s’y engagent à réduire leurs émissions de CO2, CH4, N2O, HFC, PFC et SF6 dans la période 2008 - 2012, d’un peu plus de 5% en moyenne, par rapport à 1990 : 8% pour l’Union européenne et la plupart des pays d’Europe centrale et orientale, 7% pour les États-Unis, 6% pour le Japon, le Canada, la Hongrie et la Pologne, 0% pour la Russie, l’Ukraine et la Nouvelle-Zélande. La Norvège, l’Islande et l’Australie ont obtenu le droit d’augmenter leurs émissions.

Le protocole de Kyoto comprend plusieurs mécanismes de flexibilité, dont certains concernent les pays développés et un autre permet d’aider les pays en voie de développement à bénéficier de technologies moins polluantes : " le mécanisme propre ". Le détail de ces mécanismes, qui doivent seulement venir en supplément des actions menées " à domicile " dans chacun des pays, fera l’objet des négociations ultérieures, de même que les pénalités encourues par les pays qui ne respecteraient pas leur engagement.

 

5. Les conséquences possibles de l’effet de serre

Le réchauffement de la planète pourrait avoir des conséquences importantes. La fonte d’une partie des glaces polaires et le réchauffement des océans pourraient entraîner une élévation du niveau des mers, que les hypothèses moyennes évaluent à 50 cm, menaçant 92 millions de personnes vivant dans les zones côtières. Selon certaines hypothèses, une perte de terres de 6% pour les PAYS-BAS, de 17% pour le BANGLADESH serait à prévoir. En FRANCE, certaines régions côtières seraient affectées, notamment les espaces deltaïques (delta du Rhône).

Par ailleurs, les risques de disette alimentaire et de famine peuvent s’accroître dans certaines régions de la planète : Asie du Sud, de l’Est, régions tropicales d’Amérique Latine. Les vagues de chaleur seront plus intenses et plus longues : on prévoit donc un accroissement consécutif des maladies cardio-vasculaires; indirectement, un certain nombre de maladies se transmettront plus facilement (paludisme, dengue, fièvre jaune, encéphalites).

En outre, une augmentation est à prévoir dans la fréquence et la durée des grandes crues et des grandes sécheresses. En France, en cas d’augmentation de 2% de la température moyenne, les précipitations d’hiver augmenteraient de 20%, les précipitations d’été diminueraient de 15%.

 

6. La France et les gaz à effet de serre

Avec des émissions totales nettes de CO2 inférieures à 6 tonnes par habitant et par an, la France est l’un des pays industrialisés qui contribue le moins au changement climatique. La politique énergétique menée depuis le premier choc pétrolier l’a conduit à réduire ses émissions de façon importante. Cette politique se caractérise par quatre volets :

- la définition de réglementations strictes favorisant les économies d’énergie. Par exemple, un logement neuf construit depuis 1995 consommera annuellement deux fois moins d’énergie qu’un logement construit avant 1975, s’il n’a pas fait l’objet de travaux par la suite ;
- l’utilisation de la fiscalité : niveau élevé des taxes sur les carburants, incitations fiscales d’amélioration de l’efficacité énergétique dans l’industrie et l’habitat ;
- un important programme d’économies d’énergie, avec la mise en place dès 1974 d’une Agence pour les économies d’énergies, aujourd’hui l’ADEME, qui a constitué au fil des ans un pôle d’expertise et de compétence ;
- le développement d’un parc nucléaire important, qui réduit les émissions de CO2 en France et dans les États voisins.

Les émissions brutes de CO2 par habitant de la France (hors absorption par les forêts) étaient en 1990 inférieures de 22% au niveau moyen de l’Union européenne, et de 44% au niveau moyen de l’O.C.D.E.

 

7. L’affaire de tous

Par le truchement des consommations d’énergie (émissions de CO2) ou les émissions d’autres gaz, pratiquement toutes les activités humaines participent à l’accentuation de l’effet de serre : industrie, agriculture, transports, commerce, chauffage... C’est pourquoi la lutte contre les changements climatiques engage tous les niveaux de responsabilité.

Les États portent la responsabilité première des politiques mises en œuvre. Mais en Europe, un grand nombre d’actions doivent désormais être engagées par l’Union européenne. D’autres relèvent des exécutifs régionaux ou généraux, d’autres encore des municipalités, ou des groupements de communes. C’est le cas, par exemple, des décisions concernant la consommation d’énergie des bâtiments publics, l’organisation des transports urbains et régionaux, et le financement des infrastructures. La loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996 fait du reste obligation aux autorités locales de revoir les plans de déplacements urbains pour faciliter le recours aux transports collectifs, à la bicyclette, à la marche à pied.

Les entreprises de toutes tailles sont également concernées, au niveau de leurs conditions de production mais aussi par les qualités de leurs produits : efficacité énergétique, prévention des fuites de gaz fluorés (climatisation, réfrigérateurs), notamment.

 

8. L’affaire de chacun

La lutte contre l’effet de serre est l’affaire de tous. Au quotidien, que puis-je faire?
Sans toutefois changer mon mode de vie, je peux exercer des gestes au quotidien qui permettent de lutter contre l’effet de serre.
Comment ? En choisissant, par exemple, un moyen de transport adapté et en changeant certaines de mes habitudes...

Dans le domaine de la maîtrise de l’énergie dans l’habitat :

- J’évite de surchauffer mon appartement et j’entretiens régulièrement mon installation de chauffage
- J’utilise des matériels de chauffage à haut rendement
- J’isole mes fenêtres , murs et toitures
- Je brûle du bois très sec dans des chaudières plutôt que dans des cheminées à foyer ouvert
- Je fabrique du compost avec des déchets verts plutôt que de les brûler
- J’éteins mon ordinateur, ma chaîne stéréo, mon magnétoscope...après utilisation ; même en veille ils sont consommateurs d’énergie
- J’utilise des ampoules fluocompact à basse consommation, car économes en énergie
- Je réduis l’usage de la climatisation et j’entretiens mon installation.

Dans le domaine de la maîtrise de l’énergie dans les transports :

- Pour les trajets courts, je n’utilise pas ma voiture, mais je marche, je roule à bicyclette ou j’utilise les transports en commun
- Pour me rendre à mon lieu de travail, je prends les transports en commun; à défaut, je cherche à développer et adopter le système de covoiturage
- Je ne laisse pas ma voiture tourner longtemps au ralenti
- Je respecte les limitations de vitesse
- Autant que possible, j’achète un véhicule peu consommateur d’énergie, ou à motorisation alternative (électrique, GPL, GNV...)
- Je ne fais pas chauffer mon moteur à l’arrêt, mais je roule doucement.

Dans le domaine de la réduction des rejets dans l’atmosphère (autres que ceux liés à l’énergie vue ci-dessus) :

- Je confie mes appareils frigorifiques usagés à une société spécialisée dans le recyclage
- Je trie mes déchets avec soin pour favoriser le recyclage des matières, conformément aux consignes de ma commune, afin de réduire les rejets dans l’atmosphère liés à l’incinération ou la mise en décharge