Jean-Baptiste Charcot La Première Expédition Antarctique 1903 - 1905 |
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En 1901, quatre expéditions établissent d'un commun accord un vaste programme
et partent pour l'Antarctique:
- l'anglaise, celle de la Discovery, commandée par le Capitaine
Scott,
- l'allemande, celle du Gauss, commandée par le Dr von Drygalski,
- la suédoise, celle de l'Antarctic, commandée par le Dr
Nordenskjöld,
- l'écossaise, celle de la Scotia, commandée par le Dr Bruce.
Avec Charcot, la France, absente depuis plus de 60 ans de la recherche
polaire c'est-à-dire depuis la découverte de la Terre Adélie en 1840 par
Dumont d'Urville, allait s'associer à ces travaux et ainsi revenir en
Antarctique. C'est l'expédition de 1903-1905 à bord du Français, trois-mâts goélette construit aux Chantiers Gautier de Saint-Malo. |
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Parti
de Brest en août 1903, le bateau arrive à Ushuaia en janvier 1904. Puis, c'est
le départ pour l'inconnu. Pendant la période d'été austral 1904, Charcot relève
les grandes îles qui séparent le Détroit de Gerlache du Pacifique, longeant la
Terre de Graham jusqu'aux îles Biscoe. Mais à partir de la fin de février, il
faut chercher un lieu d'hivernage. Charcot le découvre à l'île Wandel et là,
c'est l'immobilité durant 9 mois mais une immobilité active pendant laquelle des
observations scientifiques sont poursuivies régulièrement malgré d'effroyables
conditions climatiques.
A
la fin de l'hivernage en décembre 1904, le Français poursuit sa route
vers le sud. Les observations reprennent. Mais la navigation devient de plus en
plus difficile dans le mauvais temps, au milieu des icebergs qui menacent à tout
moment d'écraser le bateau. Le 15 janvier 1905, le Français donne sur une
roche à fleur d'eau et l'eau s'engouffre dans la cale par une déchirure
importante. Il n'est désormais maintenu à flot que par l'usage presque constant
des pompes. C'est une tâche épuisante pour l'équipage. Impossible de poursuivre
la mission, il faut à présent essayer de rentrer.
En mars 1905, la Mission retrouve les terres habitées en Patagonie puis c'est le
retour triomphal en France en juin, avec l'accueil officiel des plus hautes
autorités.
Les résultats de la mission sont impressionnants : 1000 km de côtes nouvelles
reconnues et relevées, 3 cartes marines détaillées, 75 caisses d'observations,
de notes, de mesures et de collections destinées au Muséum d'Histoire Naturelle
de Paris.
Ces chiffres expriment mal l'abondance des découvertes et des connaissances
nouvelles réalisées dans les domaines les plus variés. Il faut cependant
souligner le très important travail effectué pour identifier, positionner,
éclaircir, confirmer ou éliminer des connaissances antérieures fragmentaires,
parfois contradictoires et souvent erronées, portant sur des régions dont
l'accès et le climat difficiles ont interdit pendant des siècles toute
pénétration humaine. Il convient aussi d'observer que Charcot, grâce à ses
qualités personnelles exceptionnelles, sur le plan technique comme sur le plan
humain, a su ramener par ses seuls moyens, sur son propre navire, son équipage
au complet, malgré les innombrables dangers qui l'ont continuellement menacé
pendant plus d'une année passée au milieu des glaces.