Jean-Baptiste Charcot au Groenland 1925 - 1935 |
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L'année 1925 inaugure pour Charcot, comme pour son cher Pourquoi-Pas ?,
la dernière période de sa vie et de son activité de marin, entièrement consacrée
maintenant à l'Arctique.
Depuis son deuxième retour de l'Antarctique en 1910, il éprouve la nostalgie des
glaces où il a fait naguère un rude apprentissage et dont il a acquis une
connaissance approfondie. Cette connaissance, il va maintenant l'appliquer au
bénéfice de nombreuses équipes scientifiques françaises et étrangères dans les
mers difficiles qui baignent les terres arctiques.
Premier
Français à pénétrer sur la côte orientale du Groenland, Charcot se passionne
pour ce pays. Elu à l'Académie des Sciences en 1926, celle-ci lui confie une
mission à la Terre de Jameson. Grâce à la présence à bord du Pourquoi-Pas ?
du grand explorateur danois Mikkelsen, embarqué aux îles Féroé, Charcot passe
par Jan Mayen puis explore la côte orientale du Groenland et ramène notamment
une abondante récolte de fossiles et de nombreux échantillons d'insectes et de
flore.
En
1928, le grand explorateur norvégien
Roald
Amundsen disparaît à bord du gros hydravion français "Latham 47", envoyé à
la recherche du général italien
Nobile
parti survoler le pôle nord à bord du dirigeable "Italia" et dont on est sans
nouvelle. Pour réaliser le sauvetage du "Latham 47", la coopération du
Pourquoi-Pas ? est retenue mais cela devient vite une affaire politique
internationale et la France envoie aussi le croiseur Strasbourg pour
diriger les manœuvres. Le Pourquoi-Pas ? sillonne vainement les mers
arctiques à la recherche de rescapés. Les corps ne seront jamais retrouvés.
A partir de 1930, avec le concours de l'Académie de Marine, qui l'a reçu en
1929, du Bureau des Longitudes et de l'Académie des Sciences, Charcot prépare
l'Année Polaire Internationale. La campagne de l'été 1931 est consacrée à
l'implantation et l'organisation de la station du Scoresby Sund avec le concours
de scientifiques, des autorités danoises locales et de la main d'œuvre du pays.
L'année passée au Scoresby Sund par les membres de la Mission polaire, de 1932 à
1933, atteint les deux buts visés par Charcot : la France ne s'est pas dérobée à
une entreprise scientifique internationale et la Marine, en contribuant à
l'exécution de grandes opérations scientifiques, a prouvé qu'elle maintient ses
traditions.
En
1934, Charcot installe au Groenland la mission ethnographique dirigée par
Paul-Émile Victor, qui séjourne pendant un an à Angmagssalik pour vivre au
milieu d'une population eskimo. L'année suivante, le Pourquoi-Pas ? vient
rechercher Victor et ses trois compagnons (Gessain, Pérez et Matter) et poursuit
l'établissement d'une cartographie encore incertaine de ces régions.
Le 16 septembre 1935, un véritable cyclone ravage les côtes de l'Islande et le
bateau parvient à se réfugier dans un petit port irlandais. Cet avertissement
marque probablement l'esprit de Charcot, car c'est un homme plus grave et plus
pessimiste qui prépare la campagne de l'année suivante