Territoire français d'outre-mer

Terres australes et antarctiques françaises

(Partie française)

Capitale: Martin-de-Viviès (île de la Nouvelle-Amsterdam)
Population: 128 habitants
Langue officielle: français 
Groupe majoritaire: français (100 %) 
Groupes minoritaires: aucun 
Système politique: territoire français d'outre-mer (TOM)
Articles constitutionnels (langue): art. 2 de la Constitution de 1992 de la République
Lois linguistiques: sans objet

1 Données géographiques

Les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) font partie de l'Antarctique. La superficie totale de l'Antarctique couvre 4,2 millions de kilomètres carrés en été; pendant l'hiver, le continent double sa superficie en raison de l'importante couche de glace qui recouvre la mer à sa périphérie. Quatre-vingt-quinze pour cent de l'Antarctique sont recouverts de glace et le continent détient environ 90 % des réserves d'eau douce du monde. Pourtant, aucun être humain n'a déjà résidé de façon permanente en Antarctique. L'Antarctique est le continent le plus froid et la température la plus basse jamais enregistrée sur terre atteignait - 88,3 °C, le 24 août 1960, à la station Vostok.

Carte des TAAF

Les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) sont un territoire d'outre-mer (TOM) de la France. Elles sont composées de quatre districts: d'une part, les îles Kerguelen (7215 km2), les îles Crozet (115 km2), ainsi que les îles de Saint-Paul (7 km2) et Nouvelle-Amsterdam (54 km2), toutes situées dans le sud de l'océan Indien, et, d'autre part, la Terre Adélie (432 000 km2), un étroit segment en forme triangulaire du continent Antarctique, celui-ci étant situé à 2500 km de la Tasmanie (Autralie). 

Les TAAF sont éloignées à plus de 15 000 kilomètres de la France, dans une région inhospitalière et isolée, aux prises avec une température ne dépassant guère 0° C et descendant jusqu'à -45° C, sans compter des vents quasi permanents pouvant atteindre les 250 km/heure.

Le drapeau est celui de l'administrateur supérieur des TAAF; les navires sous pavillon «Kerguelen» utilisent le pavillon français. 
 

2 Un peu d'histoire

L'Antarctique ne fut découvert qu'au début des années 1880 en raison de la distance qui le sépare des autres continents. Toutefois, ce ne fut que dans les années 1840 que l'on comprit que l'Antarctique était un continent. Trois expéditions de nationalité différente — une expédition française dirigée par Jules Dumont d'Urville, une expédition britannique dirigée par James Ross et une expédition américaine dirigée par le capitaine Charles Wilkes — longèrent la côte sur une distance assez importante pour réaliser que cette terre recouverte de glace qu'ils voyaient était réellement une masse de terre continentale. Aujourd'hui, on sait que ce vaste continent n'a pas toujours été couvert de glace.

Il y a 70 millions d'années, l'Antarctique était couvert d'une grande forêt comme on en retrouve aux États-Unis. Après s'être disloqué de l'ancien vaste continent du Gondwana, l'Antarctique a commencé à se former en glace il y a 35 millions d'années, puis il y a cinq millions d'années, l'Abtarctique était à peu près ce qu'il est aujourd'hui.

3  Le contexte juridique

C’est par la loi du 6 août 1955 que la France a créé ce nouveau territoire d'outre-mer (TOM) doté d’une autonomie administrative et financière; toutefois, en 1924, un premier rattachement administratif en avait affirmé la souveraineté française. En 1978, la France a obtenu un domaine maritime exclusif autour des Terres australes de 1 750 000 km2. Le 14 mars 1996, le siège de l'administration des TAAF fut fixé dans la ville de Saint-Pierre, à l’île de La Réunion (océan Indien); le territoire est sous la responsabilité d'un administrateur et d'un conseil consultatif, tous les deux nommés par le gouvernement français. Les TAAF sont dotés d'un service postal distinct.

Les TAAF, du moins en ce qui a trait à l’Antarctique, sont soumises à un régime juridique international depuis le Traité sur l'Antarctique de 1959. Le traité, rédigé en anglais, en française, en russe et en espagnol, a été conclu le 1er décembre 1959 et est entré en vigueur le 23 juin 1961, après la ratification par les douze premiers États signataires: l’Afrique du Sud, l’Argentine, l’Australie, la Belgique, le Chili, les États-Unis, la France (ratifié le 16 septembre 1960), le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne et l’URSS. Ce traité a gelé les revendications territoriales pour une période de trente ans et organisé une gestion en commun du continent antarctique. 

Depuis la signature du traité par les 12 pays «consultatifs originaux», en 1961, de très nombreux pays l'ont également signé et se sont déclarés participants à la protection de l'Antarctique. On compte 44 pays, dont 27 pays consultatifs, c'est-à-dire des pays ayant des activités scientifiques en Antarctique (les 12 pays fondateurs, plus le Brésil, la Bulgarie, la Chine, l’Équateur, la Finlande, l’Allemagne, l’Inde, l’Italie, les Pays-Bas, la Pologne, la Corée du Sud, le Pérou, la Suède, l’Espagne et l’Uruguay). Le 4 octobre 1991, le Traité sur l'Antarctique a été reconduit pour une durée supplémentaire de cinquante ans et complété par un protocole — le Protocole de Madrid — relatif à la protection de l'environnement. L'antarctique a été ainsi solennellement déclaré Réserve naturelle consacrée à la paix et à la science. Le Traité sur l'Antarctique n'impose à aucun des États possédant un territoire antarctique — Argentine, Chili, Grande-Bretagne, France, Nouvelle-Zélande, Norvège et Australie — de renoncer à son secteur délimité, mais interdit toute nouvelle prétention territoriale. Rappelons que le partage entre ces sept États ne fut jamais reconnu ni par les États-Unis ni par l'URSS (aujourd'hui la Russie). Même si l'URSS et les États-Unis n'avaient pas de secteurs propres, ils se réservaient néanmoins le droit d'en revendiquer. Russes et Américains y ont toujours possédé de nombreuses stations de recherche.

4  La population

Les Terres australes et antarctiques françaises sont dépourvues de population autochtone. On y compte quelque 125 personnes (en 2000), essentiellement des membres de missions scientifiques et techniques installées sur les différentes bases. Cette population, à la quelle s'ajoute du personnel médical, voit doubler son effectif durant l'été. Une flotte de six navires est affectée à la desserte des bases (deux transporteurs, trois militaires et une vedette océanographique). On comprendra sans peine que la langue officielle des TAAF est nécessairement le français. Cependant, on ne peut parler de politique linguistique au sujet des Terres australes et antarctiques françaises pour la simple raison que ce n'est pas nécessaire, si ce n'est d'appliquer l'article 2 de la Constitution la République. 

La pêche — pratiquée généralement par des armements français du département de La Réunion (DOM) — constitue pour les Terres australes et antarctiques françaises la première activité économique, voire la seule, sauf pour ce qui est de la philatélie (connue dans le monde entier).

Différents programmes scientifiques sont réalisés dans les Terres australes et antarctiques françaises, notamment sur les îles Kerguelen et en Terre Adélie: étude de la haute de la basse atmosphère et de l'environnement terrestre; météorologie; analyse des séismes de l'océan Indien et du Pacifique Sud; étude de la géologie et du volcanisme des îles sub-antarctiques, de la glaciologie de la calotte polaire; études biologiques (biologie végétale et animale marine et terrestre); études océanographiques; étude de géophysique, de la géologie sédimentaire, de l'océanographie physique et chimique, de la paléo-climatotogie, de la biologie marine, etc., sans parler de la coopération scientifique internationale.

Les îles Kerguelen

L’archipel des Kerguelen regroupe environ 300 îles et îlots d'origine volcanique, d'une superficie totale de 7215 km2 (Corse: 8681 km2). La seule île vraiment importante de cet archipel est Kerguelen (appelée la Grande Terre), une île montagneuse au terrain rocheux. L’île de Kerguelen compte de nombreux pingouins et autres oiseaux de mer et, bien qu’il n’y ait pas de faune locale sur l'île, des lapins introduits en 1874 ont réussi à détruire une grande partie de la végétation.

Le personnel scientifique de la base réside à Port-aux-Français, le chef-lieu. L'île fut découverte en 1772 par le navigateur français Yves Joseph de Kerguelen de Trémarec. L’explorateur britannique James Cook débarqua sur l'île en 1776 et lui donna le nom de «Terre de la désolation». La France annexa Kerguelen en 1893 et y établit des stations scientifiques permanentes.

6 Les îles Crozet

Les îles Crozet forment un archipel montagneux de 115 km2 (une vingtaine de petites îles) montagneuses; il y pleut et vente constamment. La végétation y est rare et la faune principalement constituée d'éléphants de mer et de différentes variétés d'oiseaux. Le chef-lieu est Alfred-Faure. Le 24 janvier 1772, Marion Dufresne découvrit cet archipel qu’il baptisa Julien-Marie-Crozet, du nom de son second dans l'expédition. Il déposa une bouteille contenant un parchemin aux armes du roi de France dans l'île de la Possession.

7 Les îles de Nouvelle-Amsterdam et Saint-Paul

Les îles de Nouvelle-Amsterdam (54 km2) et de Saint-Paul (7 km2) sont toutes les deux d'origine volcanique. Le climat est extrêmement humide et venteux, mais tempéré. La végétation est relativement dense et la Nouvelle-Amsterdam est la seule île des TAAF à avoir des arbres. Le chef-lieu des TAAF est Martin-de-Viviès sur l'île de Nouvelle-Amsterdam.

L’île de Nouvelle-Amsterdam furent découvertes en 1522 par le Basque Juan Sebastian de Elcano, un compagnon de voyage de Magella. Mais c’est un gouverneur hollandais, Van Diemen, qui, le 17 juin 1633, donna le nom de son navire à cette île: «Nieuw Amsterdam», c’est-à-dire l'île de la Nouvelle-Amsterdam.

En 1618, le navire Hollandais Zeewolf commandé par Harwik Claez de Hillegom découvrit l’île Saint-Paul qu’il baptisa du nom de son navire, mais cette appellation ne fut pas retenue. En 1559, le géographe Evert Gysaerths mentionnait l’existence de cette île avec cette mention: «T.Q. descrobio o nao S. Paulo». C’est pourquoi l’île porte le nom de Saint-Paul aujourd’hui.

Le 28 mars 1792, l'amiral d'Entrecasteaux et Huon de Kermadec effectuèrent les premiers relevés de la côte orientale de l'île de Nouvelle-Amsterdam. Les deux îles tombèrent plus ou moins dans l’oubli jusqu’à ce qu’un lorsqu'un décret du gouvernement français daté du 21 novembre 1924 les rattachât à la «province de Tamatave» à Madagascar (alors colonie française).

8 La Terre Adélie

Contrairement aux précédentes îles des TAAF qui sont situées dans le sud de l'océan Indien, la Terre Adélie (432 000 km2) se trouve sur le continent Antarctique, au sud du 66° parallèle sud; elle occupe un mince segment en forme triangulaire (voir la carte de l'Antarctique) à l’est du continent. Cette terre est un plateau recouvert d'une calotte glacière qui recouvre tout le relief. Le climat y est de type polaire, avec des températures descendant généralement en dessous de - 40° C en hiver (parfois moins de 70° C) et des vents d'une extrême violence. Le chef-lieu est Dumont-d'Urville.

Généralement, on dénombre en Terre Adélie une trentaine de scientifiques français (incluant du personnel médical). Bien que l'Antarctique ne compte aucun habitant officiel, toute les nations signataires du Traité de l’Antarctique envoient différentes équipes de recherche, ce qui porte le total des personnes à 3687 sur l'ensemble du continent.  À l'instar d'autres pays (Australie, Argentine, Russie, États-Unis, Chine, Inde, etc.), la France contribue à protéger ce congélateur de l'histoire géographique et climatique de la planète. 

Dernière mise à jour: 02 mai 2004

Bibliographie

GIRAUD, Philippe et Hélène LEPRISÉ. La France outre-mer, Lyon, Les Créations du Pélican SA, 1996, 157 p. 

SECRÉTARIAT D’ÉTAT À L’OUTRE-MER. «Terres australes et antarctiques française» dans L'outre-mer ou la respiration de la France dans le monde, Paris, 24 février 1999,
[http://www.outre-mer.gouv.fr/domtom/taaf/index.htm].