Le naufrage de "La Jeannette" en 1881.Trois ans après que le navire La Jeannette de l'expédition de Georges Washington De Long (Voir le dossier) ait été broyé par la banquise par 77° 15' Nord, des épaves ont été découvertes sur la côte Sud Ouest du Groenland à 2.900 miles du lieu du naufrage.

Le premer hivernage de Nansen à bord du "Fram" en 1893.Koldenvey a retrouvé des mélèzes de Sibérie échoués sur les côtes de l'Est du Groenland.

Nansen a constaté, toujours au Groenland, la présence d'algues microscopiques (diatonnées) prélevées à bord du navire La Vega commandé par Nordenskjöld en mer de Tchouktchis.

Sur ces constats, Nansen en 1891 présenta son projet de dérive à la Société Géographique de Christiana. Il prit la mer à bord du Fram en 1893

LA PREMIERE TRAVERSEE DU GROENLAND


En 1888, il entreprend avec trois compagnons, la première traversée Est-Ouest du Groenland. Partant de l'Est inhabité pour se rendre à l'Ouest habité, il ne s'autorise aucune possibilité de retraite.
En août, au départ de Umivik, les quatre compagnons débutent le parcours des 500 kilomètres de glacier qui les séparent de leur but.
Sous une température de - 45° C, l'ascension de la calotte glaciaire qui les fait s'élever à une hauteur de 9.000 pieds au-dessus du niveau de la mer, est extrêmement difficile et dangereuse.
Malgré toutes ces difficultés, ils atteignent Godthab, sur la côte occidentale, en octobre 1888, après un voyage d'environ deux mois.
Ils doivent attendre le printemps suivant pour être délivrés par un navire, et Nansen profite de son temps pour étudier les Esquimaux et prendre les informations qui seront nécessaires à l'élaboration d'un prochain livre.
En mai 1889, après un an d'absence, Nansen et ses compagnons sont de retour en Norvège, accueillis en héros.

Sources iconographiques : Transparent pour lampe magique (début XXième s.)

LA DERIVE EN ARCTIQUE

Le premier hivernage du Fram


Le 20 septembre 1893, à la latitude 78° 30' N, le Fram se trouve face à une large et compacte masse de glace. Quatre jours plus tard, il débute son premier hivernage.
Maintenant, pour Nansen, il suffit d'attendre que la dérive opère et que les glaces ne libèrent le navire que de l'autre côté du pôle, dans le voisinage de l'Atlantique.

Observation au théodolite L'équipage se prépare à affronter l'hiver arctique et aménage le navire. La machine est arrêtée et démontée, le gouvernail est relevé, des ateliers sont installés : mécanique, forge, menuiserie, cordonnerie … Le moulin à vent destiné à alimenter le navire en électricité est monté. Les journées sont bien remplies.

En plus de l'entretien en bon état de toutes les parties du navire, il faut vaquer aux corvées, à la fabrication et à la réparation de toutes sortes de pièces et d'outils.
Il faut également effectuer les nombreux travaux scientifiques : observations météorologiques (effectuées nuit et jour toutes les deux ou quatre heures), détermination géographique (effectuée astronomiquement tous les deux jours), observations magnétiques, observations de la température de la mer et de sa salinité, études de la faune marine, de la formation des glaces et des courants marins.

Le 26 septembre, le navire est toujours immobile à 78° 50' N et ne gagne son premier degré de latitude vers le pôle que le 29 septembre. La température descend à - 14,5° C. Un mois plus tard, débute la nuit polaire. Les relevés de position démontrent une légère dérive vers le Nord, mais pas en ligne directe comme l'avait pensé Nansen. Le navire dérive en zigzags, tantôt vers le Nord, tantôt vers le Sud, puis à nouveau vers le Nord.

Observation d'une éclipse le 06 avril Les hommes ne montrent aucun signe de fatigue, de dépression due au manque de soleil, ni de scorbut. Ils ne se soucient plus des terribles craquements de la glace autour d'eux, et ont une large palette de distractions. Parmi elles, le journal Framsjaa (la Vigie du Fram) dont le premier numéro paraît le 10 décembre, ou les nombreuses et dangereuses visites d'ours blancs et de morses. Le navire se porte, lui aussi, à merveille.
Pris par les glaces, il glisse et s'élève pour retomber à sa place initiale lorsque son poids brise la glace. Le premier Noël est fêté à bord sous une température tombée à - 40° C.

Nansen s'aperçoit que ses calculs sont faux sur un point : la profondeur de l'Océan Polaire. Il le croyait peu profond, alors que les sondages révèlent des fonds d'au moins 1.800 m à certains endroits. Avec une telle profondeur, la force des courants marins ne peut pas être très importante et les chances de dérive vers le Nord ne vont donc dépendre que du vent. Le 2 février, quand le soleil réapparaît, le Fram se trouve à 82° 10' N. Le 23 mars, après avoir perdu des degrés vers le Nord, le navire atteint 80° N, regagnant en quatre jours le terrain perdu en trois semaines.

Le 30 avril, la position est 80° 44' N, le 1er mai 81° N, le 18 juin 83° N, puis, retour en arrière en juillet et août.

Pendant le printemps, Nansen, qui effectue de nombreuses excursions, étudie les conditions de viabilité de la banquise, en vue d'une expédition vers le pôle Nord. La construction de traîneaux et de kayaks débute.

Sources iconographiques : L'Illustration 13 mars 1897 (illustrations d'aprés les photograpies réalisées durant l'expédition)

L'EXPLORATEUR NORVEGIEN NANSEN
Source : Le Petit Journal - N° 334 - 11 avril 1897

    Résumé  
Le Norvégien Nansen a réussi l'exploit scientifique et humain de s'approcher du pôle Nord plus que quiconque avant lui. Parti avec son navire le Fram, il s'est d'abord laissé entraîner par la dérive, avant de s'approcher du pôle avec son compagnon Johansen jusqu'à atteindre 86° 15'. Trois ans après leur départ, les deux hommes ont été recueillis par l'expédition Jackson.
La Norvège, mais aussi la France, a réservé à Nansen fêtes et honneurs pour cet exploit.