L'expédition de 1948 fut une Campagne préparatoire qui fut riche
d'enseignements dans de nombreux domaines et en particulier dans celui
du transport. Les 110 tonnes de matériel débarqués du " Force " mirent
hommes et matériel à dure épreuve. Cinq Weasels composaient le parc de
l'expédition plus deux de réserve.
Malheureusement un des véhicules de réserve coula lors du débarquement
et ne put être renfloué. La topographie du site obligea l'utilisation
d'un téléphérique, heureusement prévu par Michel Perrez pour vaincre un
passage particulièrement difficile et dangereux à 8 km du camp I.
Une falaise de 110 m de dénivellation que les véhicules durent, allégés
au maximum, contourner pour atteindre l'Inlandsis. Mais les difficultés
n'étaient pas terminées et la poursuite du cheminement fût dure et
laborieuse.
Enfin le 25 juillet, 46 jours après le débarquement, les membres de
l'Expédition, qui avaient travaillé quatorze heures par jour en moyenne
purent enfin prendre une journée de repos.
Une reconnaissance appuyée de deux Weasels progressa difficilement dans
un dédale chaotique de crevasses, de bédières, de glace fondante, tantôt
dans le brouillard, sous la pluie, sans aucune visibilité. Il fût décidé
de stopper la progression et de stocker le matériel pour l'année
suivante.
Il faut malgré tout souligner que parallèlement à cette activité, les
travaux scientifiques furent menées à bien. Le 22 septembre toute
l'équipe embarquait sur le " Brandall " qui arriva le 13 octobre à
Rouen. La première modification qui en découla fût le recrutement d'une
équipe technique qualifiée plus importante.
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M29C en difficulté - Paul Emile Victor écope - Les deux gouvernails sont
levés. |
Voir l'article de Paul-Emile Victor publié en 1948 >>>

Campement provisoire |
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Téléphérique mise en place par Michel Perrez |
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Installation d'une station météo. automatique |

Forage glaciologique |
Le but de cette campagne est l'édification de la base " Station Centrale
" où vont hiverner 8 hommes. Fort de l'expérience passée l'expédition
embarque à Rouen sur le " Fejellberg " un mois plus tôt, le 13 avril
1949. Le 27 mai le bateau arrive dans la baie De Quervain. Aussitôt
quinze hommes rouvrent les Camps I et III. Les véhicules aussitôt
sollicités se mettent en marche malgré un stockage de 8 mois sous des
températures descendant à -40°. Puis débute l'acheminement du matériel.
Il n'y a pas de temps à perdre car la fonte commence son oeuvre et
risque de compromettre toute la mission. Un incessant va et vient début
pour acheminer tout le matériel au delà de la zone d'ablation et rendue
impraticable par le dégel. Deux groupes sont formés.
Le premier fonce sur le point où " Station Centrale " et y débuter les
travaux d'implantations sans oublier les travaux scientifiques. Le
second groupe est chargé d'acheminer le matériel et d'effectuer les
recherches scientifiques. Un va et vient là encore se met en place
quelques fois sans interruption et allant jusqu'à vingt huit heures de
travail acharné, le dernier atteignant soixante et une heures !
Mais commence aussi le début des pannes et principalement sur les
chenilles. Trop sollicitées l'année précédente c'est six chenilles qui
cassent après 110 km puis 70 km plus loin, le 5 juillet c'est encore
huit nouvelles pannes de chenilles. Les réparations demandent d'énormes
efforts et prennent beaucoup de temps. C'est un véritable travaille de "
petites mains " qu'accomplissent les mécaniciens, par -25° mains nues.
Devant cette situation un parachutage prématuré est enclenché. (Lire:
1er parachutage au Groenland)
Le 13 juillet le convoi reçoit vivres, carburant et surtout des
chenilles. Le convoi repart le 15 et arrive au point de " Station
Centrale " le 16 juillet. Celle-ci est implanté par 70°54 N et 40°42 W.
Rappelons que la la Station d'Alfred Wegener " Eismitte " 1930.1931 (voir
article Wegener) est à 70°53'8 et 40°42'1W. Enfouie dans le névé, la
station mesure 5m x 8m et 2m de hauteur. Le 14 août 1949 la station est
terminée, les travaux de recherches accomplis. Les huit hommes sont
"abandonner". Citons et saluons ces hommes qui sont les premiers
français à hiverner sur le glacier du Groenland, enfouie dans la neige,
durant l'hiver boréal, avec des températures qui descendront à -66°, et
ce durant 11 mois.
L'hivernage se déroula dans conditions particulièrement difficiles :
- Enneigement journalier des ouvertures |
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- Défaillance des groupes électrogènes |
- Températures extérieure très bases - 66° et blizzard |
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- Dysfonctionnement des appareils de mesure et de radio |
- Ventilation des locaux difficile |
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- Monotonie des rations alimentaires |
- Vie à 3000 m d'altitude |
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Durant l'hivernage les véhicules furent très peu utilisés |
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Weasel M 29 C - La tempête lui a sculpté des
dentelles de glaces.
Photo JJ Languepin - |
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Passage d'une rivère sur l'Ice Cap -1949 - Photo
Bougouin |
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Weasel M29C en direction
de la Station Centrale.
Remarquez la faible pression au sol (140 gr/cm²)
Photo E.P.F. - 1949
Collection G. Gadioux © |
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Les hivernants :
Chef d'hivernage : Robert Guillard |
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Adjoint et Chef Météo : Michel Bouché |
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Météo : Pierre Chavy et René Garcia |
Radio : Lucien Bertrand |
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Mécanicien : Camille Marinier |
Médecin-chirurgien : Dr Marcel Carles |
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Physicien : Gérald Taylor |
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Hivernage 1950-51
Plan d'ensemble sous la surface |
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1 Salle commune - habitation
2 Laboratoire de météorologie
3 Cabine de météorologie physique atmosphérique
4 Soute à radio sondes
5 matériel radio
6 Soute à hydrogène
7 Cabine de radiotélégraphie
8 Soute à matériel radio
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9 Soute à batteries d'accumulateurs
10 Ancien abri des moteurs
11 Soutes à carburant
12 Alvéoles à vivre
13 Laboratoire annexe de glaciologie-météorologie
14 Lab. de glaciologie
15 Puits de glaciologie
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16 Sortie - air de lancement
radio sonde
17 Ancienne sortie
18 sortie S.-O.
19 soutes d'intendance et de médecin
20 Ancien laboratoire de photographie
21 Couchettes superposées
22 Cabinet de toilette |
23 Couloir à ordures et W-C
24 Couchettes supplémentaires
25 Soute à neige
26 Puits d'éclairage
27 Salle des machines
28 ancien trou à ordures
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Transformations apportées |
A lire : Station Centrale de Michel BOUCHE chez Grasset 1952
Le nombre de participants passe de 35 à 42 pour cette nouvelle campagne
qui embarque à Rouen le 13 avril 1950 sur le navire norvégien le " Hillevaag
".
Suite à une rupture d'hélice, l'expédition fût transbordée sur le " Force "
après une escale de 20 jour dans le fjord d'Ivgtut. Dès le 28 mai, malgré la
présence de glace dans la baie de Quervain les travaux reprennent. Les
différents camps sont ouvert.
Le débarquement est effectif le 6 juin. La même stratégie est employée, deux
groupes sont constitués. Le groupe A spécifiquement scientifique et le
groupe B groupe de transport. Le groupe A débute ses travaux le 8 juin. Le
20 il se dirige vers " Station Centrale " qu'il atteint le 1er juillet. Les
travaux scientifiques et de logistiques ne connurent peu ou pas d'entraves
au bout déroulement ce qui permis de poursuivre vers la côte Est. A signaler
qu'une partie de l'équipe d'hivernants de 1949 est évacuée par cet axe.
Depuis Cécilia Nunatack les hommes sous la direction de Robert Guillard vont
marcher durant trois longues journées dans une zone montagneuse et
rocailleuse. La marche est épuisante sur un itinéraire inconnue dans la
pluie, le brouillard et le froid. Ils atteignent le fjord de Rôhss le 4
août. Un bateau les attends et les achemine jusqu'à Ell Ô. Là un hydravion
islandais les transporte jusqu'en Islande. La campagne se déroule sans
soucis majeur. Le retour sur Camp I pose des problèmes dû à la fonte et son
cortège de conséquences.
Enfin après une importante et salvatrice chute de neige, l'ensemble des
hommes et du matériel sont regroupés le 2 octobre au camp I après un
parcours pénible et périlleux. Le 6 octobre le " Polarbjörn " évacue la
mission vers la France qu'il atteint le 24 octobre.
A la " Station Centrale " neuf homme débutent leur hivernage.
Les hivernants :
Paul Voguet - Chef d'hivernage
Dr Robert Gressard - Chef assistant Médecin Chirurgien.
Bernard Bedel - Chef Météo.
Pierre Dill - Météo.
Bernard Gaillard - Assistant météo. |
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Bernard Isabelle - Assistant météo.
Jean Dumont - Électricien et glaciologue.
François Daumas - Chef Radio.
Robert Lassus - Radio |
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Cette campagne a pour objectif, la poursuite et l'intensification des
mesures scientifiques et le rapatriement des 9 hivernants.
Le départ de Rouen à bord du " Skallabjôrn " se déroule le 22 avril 1951.
Comme à la coutumée, des mesures scientifiques sont effectuées tout au long
du trajet et en particulier les mesures gravimétriques. Le bateau arrive à
Port Victor le 25 mai.
Rapidement les 13 weasels sont déstockés et l'ensemble des 22 participants
quitte Camp I et atteint Camp VI le 3 juin. Ce camp rappelons le se situe
après la zone de fonte, des bédières et autres crevasses. Après un
ravitaillement aérien, quatre groupes sont constitués. Une fois encore du
Nord au Sud, de l'Ouest à l'Est les groupes vont parcourir de nombreux
kilomètres et assurer le programme. Un groupe de séismiques ira jusqu'à
930km au Sud de Camp VI. Ce même groupe se dirige vers l'Est et remonte en
direction du Mt Forel. Après plus de 900 km, le 4 août 1951 le véhicule de
tête conduit par Alain Joset, chef de groupe de la section séismique avec à
ses cotés, Jens Jarl représentant du Gouvernement Danois, passe sur une
crevasse invisible, le pont de neige cède. Le véhicule et ses deux occupants
font une chute mortel de plus de 40 mètres (
voir l'article du site du centre PEV ).
Malgré ce dramatique événement la mission se poursuit. Les travaux
scientifiques se poursuivent sur tout les axes . Le point faible des
véhicules est les chenilles. Un véhicule doit être mis sur un traîneau faute
de chenilles de rechange et en attendant les parachutages.
Sur la côte Est le cheminement est particulièrement difficile. Le véhicule
de tête défonce à six reprises des ponts de neige, mais a pu à chaque fois
être sorti sans dommage. Le 23 août " Station Centrale " est évacuée et
fermée en état au cas ou elle devrait être utilisée. Sur la route du retour
vers Camp I nombreux incidents dû comme toujours à la fonte. Le 26 septembre
le " Polar Star " appareille avec à son bord l'ensemble de l'expédition.
Travaux en Islande de 1950. 1951.1955 : |
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Il faut signaler que plusieurs missions motorisées se sont déroulées en
Islande.
Misions de Géologie, Gravimétrie, Sondages Séismiques auxquelles
participèrent quatre membres de E P F et six Islandais. Deux Weasels ont
permis malgré un terrain très difficile d'accomplir les divers programmes.
En 1952, Paul-Emile Victor, passe un accord avec les Forces Militaires
Américaines installées à Thulé pour effectuer à partir de leur base un raid
de traversée de l'extrême nord du Groenland. La mission est confiée à Robert
Guillard qui va effectuer avec son équipe un raid d'environ 2000 km.
De Thulé à la Terre de Peary. Les véhicules et toute la logistique sont
fournis par les USA.
A lire absolument: au-delà de THULE de Robert POMMIER chez Amiot. Dumont
1953
Les différents convois sont supportés par une présence aérienne et
bénéficient de ravitaillements par largages aériens de matériels et
d'essence.
Le savoir-faire logistique français va permettre aux scientifiques d'avancer
sur la connaissance de la masse de l'inlandsis groenlandais et
l'approfondissement des mesures glaciologiques.
E.G.I.G - Expédition Glaciologique
Internationale au Groenland : |
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A partir de 1959 et jusqu'en 1974, un partenariat avec l'Allemagne,
l'Autriche, le Danemark et la Suisse va permettre la poursuite des premières
études, la France assurant les moyens logistiques.
Jusqu'à 13 Weasels MC 29 C et 5 HB 40 Castors sont utilisés tractant 8
caravanes , 13 traîneaux et 1 chambre frigorifique. Le support aérien assuré
par deux Nord 2501 de l'armée de l'Air Françaises et deux hélicoptères
Alouette II. Au court de ces différents raids Peu de pannes importantes. Les
diverses modifications portent leurs fruits. Les chenilles ne cassent plus,
seuls quelques rivets, fragilisés par les températures négatives cassent.
Quelques ennuis au niveau des barbotins et des poulies de tensions.
La neige pulvérisée pénètre sous les bandes de caoutchouc vulcanisées sur
ces pièces et se transforme en glace. Ce phénomène décolle les bandes et
oblige le remplacement de ces pièces mobiles. Des échanges de moteurs ont
été nécessaire pour la plus part suite à un défaut de conduite plus que par
défaillance mécanique. Un autre critère non négligeable est le manque de
pièces détachées obligeant le service techniques à utiliser des organes et
pièces maîtresse à la limite de la résistance.
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Deux Weasels M 29 C
progressent sur la zone marginale pour atteindre l'Inlandsis. Une
caravane " Rivastela " monté sur un traîneau standard est retenu par un
M 29 à l'arrière car le cheminement s'effectue sur de la glace vive.
Afin d'éviter cette zone dangereuse qui plus est amputait la mission de
jours précieux, la mise en place c'est effectuée par avion C 130. |
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Déchargement d'une
caravane d'un C 130 Hercules de USARF Stratégique Air Command sur
l'Inlandsis à DYE II (Dye II un des nombreux radars implantés au
Groenland au moment de la guerre froide ). |
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